FORMAT 110

1985 /...

Les petites photographies en couleurs jouent la relation au sujet sur le mode de la comédie, légère et inoffensive, comme l'appareil qui les a prises (un gadget offert en cadeau dans un magasin) […] Le petit appareil, au mécanisme très simplifié, est envisagé comme le prolongement du corps, un troisième œil au bout du bras :
« Mon regard s'est déplacé des yeux vers les mains, vers l'extrémité du bras, comme si j'avais désormais des yeux au bout des doigts, ce qui me permet de prendre des photos sous des angles et dans une proximité que mon regard habituel se voyait interdire ».
Les petites photos en couleur prises ainsi dans la rue, dans les fêtes, dans les lieux où en énéral se presse la foule, sot des éclairs, des fragments de réalité où l'élément humain toujours présent, est l'axe déstabilisé d'un espace en mouvement. Le champ restreint de l'objectif, placé au bout du btras flottant du photographe, a capté des fragments d'objets, de visages, des coins de ciel ou de trottoir. La violence des couleurs, l'agressivité des formes, la cruauté implacable des cadrages sont temporisés, adoucies par un flou inéluctable, qui donne à l'image une construction proprement picturale ; tous les éléments sont en quelque sorte mis à plat, valent surtout et d'abord par leur masses, leurs couleurs, car ils ne sont pas toujours immédiatement identifiables.
Danièle Yvergnaux

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